Histoires de réussite

Une nouvelle façon d’aborder un ancien traitement

Brendan Crowley, PhD, (à gauche) et Enver Kilinc, PhD, fondateurs de Micromensio, ont collaboré avec les chercheurs de l’Université de Toronto a in de développer une technologie de détection rapide à prix modique qui vise les infections bactériennes.

Micromensio, une entreprise en démarrage située à Toronto, a développé une nouvelle technologie qui améliore une ancienne façon de traiter les infections bactériennes.

Cette société est en train de lancer sa technologie de détection rapide à prix modique auprès des sociétés œuvrant avec les bactériophages—des virus qui s’attaquent exclusivement aux bactéries.

Aussi appelés les « antibiotiques de la nature », les bactériophages ont été découverts en 1915, soit une décennie avant la pénicilline. Ils ont été utilisés avec succès pour traiter la dysenterie et le choléra. Ils ont cependant été éclipsés par le développement des antibiotiques à large spectre qui, au 20e siècle, ont révolutionné la médecine.

La menace posée par la résistance aux antibiotiques a renouvelé l’intérêt porté à l’utilisation des bactériophages pour traiter les infections en toute sécurité. Les phages sont très sélectifs et visent des bactéries précises, mais mettre en culture des bactéries prélevées d’un échantillon d’un patient pour voir si certains phages fonctionneront peut prendre des jours.

C’est ici qu’intervient Micromensio. Contrairement aux techniques diagnostiques actuelles, les micropuces jetables sans fil de la société peuvent être placées directement dans l’échantillon bactérien et révéler, en 15 minutes, si les phages ont attaqué les bactéries avec succès.

Brendan Crowley et Enver Kilinc, fondateurs de Micromensio, ont développé leur prototype à titre de boursiers postdoctoraux collaborant avec le professeur Glenn Gulak, de l’Université de Toronto. Ce dernier, avec ses collaborateurs Karen Maxwell et Will Navarre, a reçu une bourse des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) afin de développer la technologie dans le but de la commercialiser. Le système de détection de leur plateforme a été conçu dès le départ pour être à prix modique, adapté à la production de masse et compatible avec les outils de microbiologie existants.

Crowley et Kilinc ont été inspirés par l’idée qu’ils pourraient aider à affronter la menace croissante que pose la résistance aux antibiotiques. En janvier, l’Organisation mondiale de la santé a révélé que certaines des infections les plus communes au monde—et potentiellement les plus dangereuses— y compris celles causant des désordres gastriques et des pneumonies, se montrent résistantes aux médicaments.

L’équipe a collaboré avec le laboratoire de microbiologie du professeur Maxwell, de l’Université de Toronto, pour mettre ses prototypes de micropuces à l’épreuve. Ceuxci détectent le potassium libéré lorsque les membranes des cellules des bactéries sont percées par les phages.

« Si nous constatons une augmentation rapide des niveaux de potassium, nous savons que le phage a infecté la bactérie », déclare M. Cowley. « Et en connaissant quelles sont les souches de bactérie qu’un phage en particulier infectera, nous pouvons aussi identifier les espèces bactériennes ».

L’hôpital pour enfants malades de Toronto a fourni les échantillons bactériens utilisés lors des mises à l’épreuve.

L’U.S. Food and Drug Administration et Santé Canada n’ont pas encore approuvé les phages à titre de traitement pour les infections bactériennes. Ils ont cependant été utilisés avec succès en Europe de l’Est, où les chercheurs ont poursuivi leurs travaux sur eux après la Seconde Guerre mondiale, car les pays du bloc communiste ne pouvaient pas se fier à l’Ouest pour importer des antibiotiques.

Crowley et Kilinc ont été inspirés par l’idée qu’ils pourraient aider à affronter la menace croissante que pose la résistance aux antibiotiques

Plus tôt cette année, Micromensio a gagné 35 000 $ à la récente compétition de lancement Velocity Fund Finals à l’Université de Waterloo. Depuis, elle a rallié les rangs du programme d’incubateur de Velocity. En ce moment, Micromensio cherche des sociétés de bactériophages pour mettre le produit à l’épreuve et aussi des investisseurs pour l’aider à mettre la technologie à l’échelle.

La société possède des lettres de soutien provenant de sociétés de phages aux États-Unis et en Europe. Jusqu’à maintenant, quatre brevets ont été émis relativement à la technologie de Micromensio. Elle pourrait aider aux efforts de recherche déployés par ces sociétés et pourrait également être vendue à titre de produit diagnostic compagnon.

La technologie de détection sans fil à prix modique est une plateforme qui peut s’ajuster à d’autres applications de biodétection.

M. Crowley, qui a utilisé les outils de CMC dans ses recherches lors de sa maîtrise et de son doctorat, déclare que CMC Microsystèmes lui a apporté une aide formidable pour mettre la technologie au point. « L’accès aux outils de conception Cadence et Synopsys, de même qu’à Global Foundries pour fabriquer ces puces, s’est révélé crucial », déclare-t-il.

« Les micropuces conçues sur mesure se trouvent au cœur de cette technologie. Les outils comblant les normes de l’industrie qui sont nécessaires pour ce travail sont très coûteux et difficiles à obtenir. CMC nous a permis d’accéder à des outils de fabrication et de conception à des coûts raisonnables. Sans cela nous n’aurions jamais réussi ».

Crédit Photo : Rodney Daw

Décembre 2018

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